« Narcissique. »

On m’a écrit ça.

« À la puissance mille », a-t-on ajouté.

Je comprends, c’est normal. Je donne l’impression de me pavaner dans ma grange, torse nu et musclé ; de consacrer plus de temps à me mettre en valeur qu’à m’entraîner pour vrai.

Mais quel con.

Aller au bout de soi n’est jamais facile. Faire des pompes jusqu’à épuisement, c’est pénible. Et avec l’habitude, ça ne fait que durer plus longtemps. Même chose avec ces putains de tractions. Je les hais. J’adore les planches par contre. Inversement, l’anxiété me guette quand le programme mentionne les handstand push-ups.

Et je fais ça tous les jours. En plus de courir. Car oui, je cours sans cesse. La course reste mon sport principal, même si je ne publie pas d’image comme avant. J’y arrive, justement aux images.

Pensez-vous vraiment que je me tape des burpees à gogo, à pousser des râles dans l’intimité de ma grange pour exhiber mon torse en échange d’une poignée de J’aime ? Pas de fausse modestie ici, je suis fier du résultat obtenu.

La constance. Facile à prononcer, difficile à apprivoiser.

Pour l’atteindre, il m’aura fallu plusieurs années, plusieurs faux départs pour trouver la clé. C’est en ajoutant la photographie que j’ai réussi à maintenir le rythme.

Mettre en image la constance, voici le jeu auquel je joue. La règle est simple : chaque entraînement est l’occasion de tester un angle différent, une nouvelle prise de vue, capter une lumière inédite, illustrer un mouvement.

Pas de PPG, pas de cliché.

C’est con, mais ça fonctionne. Mes photos ne sont pas toujours réussies, mes handstand push-ups non plus. Pourtant, j’essaye très fort. Mais l’effet secondaire, garanti celui-ci, ce sont de plus gros biceps. Alors ça va.

Après 17 années de course, je n’ai maintenant plus besoin de la photo pour m’inciter à sortir. Mais m’astreindre à mon « chest-bras » quotidien requiert des astuces. La mienne, n’en déplaise à certains, c’est de taper dans l’œil d’une GoPro. Et je bloque instantanément les connards désobligeants.

Et vous, votre astuce, c’est laquelle ?