Je ne m’entraîne pas. C’est bien trop dangereux. Je le sais grâce aux articles qui ne tarissent pas sur le sujet. Enfin, quand je dis « le » sujet, la liste s’allonge vite : trouble alimentaire, bigorexie, surentraînement, épuisement, addiction, mort subite.
Alors non, je ne m’entraîne pas. J’avoue, j’ai déjà essayé de suivre un programme pour aller plus vite sur un marathon. J’ai détesté qu’on me dise quoi faire, quand et combien de temps… Non merci, chef !
Alors j’ai arrêté de m’entraîner. Mais pas arrêté de courir, ça n’a rien à voir. Courir est bien trop amusant. Tellement amusant que je me suis mis aux ultras, à la course utilitaire, à la banquise en shorts, aux Odyssées en sandales. Je n’ai pas eu besoin de m’entraîner pour faire ce genre de choses. Tout ce que j’ai fait, c’est de trouver un côté ludique à récolter des engelures et des bactéries, traverser quelques nuits blanches et des champs de pavot mexicains. Ah, les choses que j’ai vues, le fun que j’ai eu !
Donc, je ne m’entraîne pas, je joue. Et comme jouer, c’est apprendre, chaque expérience vécue révèle de nouvelles pistes à explorer. Il n’y a pas de limite à voir comment mon corps et mon esprit réagissent, puis s’adaptent quand je les plonge dans la vie sauvage. C’est fascinant.
Pour élargir encore mes horizons et multiplier les jeux dangereux, je me documente avec des livres traitant d’anthropologie, d’exploration, d’alpinisme, de musculation, d’auto-hypnose. Et comme le temps qui avance injecte naturellement une variable nommée sénescence, je lance de nouveaux défis à ma tête et mes jambes, pour que vieillir soit un jeu d’enfant.
Après 17 années de rigolade, partagées en temps réel avec mes pairs sur Strava, mes conclusions sont à l’opposé de la science. Non pas parce que la science se trompe, pas du tout, mais parce que les résultats de ma démarche 100% empirique ne sont absolument pas généralisables. Au moins, mon étude athlétique est éthique puisque aucun coureur n’a été blessé ni surentraîné lors de sa production.
En relisant ce qui précède, je me demande si mon approche est véritablement prudente. Bah, tant pis pour moi. Et tant pis pour vous si vous m’imitez. Mais de grâce, amusez-vous !